ABYSSAL CABARET/  INCARNATION V

 

une déambulation poétique dans l'espace public

 

un texte de Maryse Hache

Photos Denis Louis
Photos Denis Louis

jouer des formes

 

incarner ce texte différemment 

 

abyssal cabaret

est une recherche

une quête au long cours

qui a donné lieu à plusieurs formes/ incarnations, depuis 2010

 

toutes avaient à voir avec cet endroit du jeu que certains appellent « performance »

c'est à dire, beaucoup de préparation, de travail de répétition où l'actrice est disponible à « l'ici et maintenant », à l'instant

 

où l'aléatoire et le hasard sont offerts

le fragile et l'incertain donnés à voir

 

Abyssal Cabaret se modifie, se ré-incarne, erre à vue

il s'agit de la mise en abîme de l'errance de la femme dont nous racontons l'histoire

 

en 2010 à l'OARA (en duo sur scène avec un musicien)

en 2011 à Bagnolet (en duo sur scène avec un régisseur lumière)

en 2011 à Blaye (avec pour la première fois le texte, les mots de maryse hache)

en 2012 à La Boîte à Jouer à Bordeaux (où nous avions investi tout le théâtre, et où un nouveau régisseur improvisait les lumières)

en 2014 Incarnation V lors du festival Demandez l'impossible, un printemps des Poètes, à Bordeaux

 

 

 

« la femme dont nous racontons l'histoire était

souvent seule dans de longues avenues désertes »

 

c'est à partir de ce point de vue et avec la complicité du regard de laetitia andrieu, que nous abordons aujourd'hui ce texte, dans l'espace public 

 

Photos Denis Louis
Photos Denis Louis

 Une errance poétique urbaine et vivace                                             au lever du jour

 

http://journaljunkpage.tumblr.com/post/90541648287/le-festin-de-festarts

Pourquoi abyssal cabaret dans l'espace public, pourquoi une autre forme ?

 

Laetitia Andrieu : entendre ce texte dans l’espace public, c’est le renvoyer au réel, écouter ce qu’il a à nous dire de notre espace quotidien, notre environnement, notre société. L’abstraction se heurte au concret, et les échos se multiplient. Il y a là des gens qui habitent dans les immeubles, qui roulent dans les voitures, le flux de la vie n’est pas suspendu, la poésie cohabite avec la matière brute de nos constructions humaines. Les écoles et les cimetières en font partie, tout comme les murs aux portes bouchées, ou les trottoirs d’où émergent à nouveau quelques pousses végétales. Tous ces retours de réel modifient je crois notre écoute. Nous sommes nez à nez avec le vivant, au cœur du sujet…

 

Caroline Lemignard : ... pour la quête de la mise en abîme, j'ai envie de voir jusqu'où je peux aller  ... et je n'en sais rien ...

Pour changer de point de vue.

Ce projet par ces incarnations contrastées semble mettre en valeur différemment les mots de Maryse Hache. 

Et puis je n'en ai pas fini avec ce texte qui a été écrit pour moi. Et quel cadeau! J'ai envie qu'il soit entendu, le plus possible.

 

Il y a du public pour la poésie, pour le vide dans l'espace public.

 

 

 

 

« ne rien voir

ne rien entendre

que partout voix d'insécure

pick-pocket colis piégés chutes de pierre

et traversée de grands animaux »

 

Photos Denis Louis
Photos Denis Louis

C'est quoi le sujet d'abyssal cabaret?

 

 CL : l'effondrement, la catastrophe, les morts. C'est comment faire du beau sans nier le réel. Comment trouver à vivre, comment trouver la beauté, comment se réjouir du monde quand tout nous tire vers le bas.

C'est une sorte de poésie de l'effondrement, poésie du désastre et du rire.

Peut-être que ça parle d'une femme qui traverse le pays des morts en tant que créature vivante.

D'une héroïne-guerrière qui se sent à l'écart du carnaval de l'existence, de ce cirque dont les splendeurs tombent en poussière.

Peut-être est-ce une reine aux pays des morts? Une Perséphone?

 

Mais

 

 

« elle sait que sur les charniers poussent les fleurs les plus belles » 

Photos Denis Louis
Photos Denis Louis

C'est un cabaret?

 

En quelque sorte oui, mais non.

Cabaret pour nos conditions de vie.

Cabaret pour le parcours d'une chose à une autre, d'une incarnation à une autre, d'une humeur à une autre. Cabaret pour la joie. Cabaret pour le jeu, la distance que l'on peut trouver au travers de nos conditions de vie.

 

Et abyssal?

 

Pour le vertige des profondeurs abyssales, pour le fond tellement profond qu'on en n'a jamais fini de l'atteindre, qu'on n'en a jamais fini avec cette question de Clément Rosset: "Comment concilier l’amour de l’existence avec l’ensemble des arguments plausibles ou raisonnables qui tous contribuent à tailler celui-ci en pièces ?"

 

Abyssal parce que la femme dont nous racontons l'histoire et l'actrice et peut-être une autre encore, essaient de résister poétiquement aux circonstances, à la catastrophe, aux conditions effondrées... Qui parle?

 

Abyssal, pour l'impression de désenchevêtrer quelque chose, d'effectuer une descente, d'avancer dans un labyrinthe, de descendre dans le monde souterrain ou dans le lieu où les choses vont être révélées d'une manière entièrement nouvelle.

Pour la mise en abîme.

J'aime bien ramener dans mes spectacles un « ici et maintenant » sur ce que l'on fait là maintenant ensemble. Avec les gens qui sont là vraiment, et non pas avec un public imaginaire.

L'effondrement il est aussi là.

 

Il y a toujours quelque chose qui s'écaille, s'effondre, s'érode.

Il y a toujours quelque chose qui naît de ça. 

Photos Denis Louis
Photos Denis Louis

« elle ne savait rien du théâtre

elle ne savait rien de l'instant

elle ne savait rien des fleurs » 

texte maryse HACHE
conception et jeu caroline LEMIGNARD
mise en espace et direction d'acteur laetitia ANDRIEU
enveloppe katia LEROI-GODET
photos denis LOUIS